Une vie pleine de sens selon le minimalisme
- catherineguindon
- 26 févr. 2021
- 3 min de lecture
Depuis quelques années, je m’intéresse au minimalisme comme art de vivre. Il s’agit d’une conception de la vie heureuse que j’ai découverte avec le film Minimalism diffusé sur Netflix et réalisé par Matt D’Avella (la suite, Less is Now, a paru d’ailleurs paru en janvier 2021). Dans ce premier documentaire, nous suivons Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus, deux hommes dans la vingtaine, dans leur tournée nord-américaine. Leurs conférences ont pour but de présenter leur parcours qui les a amenés à abandonner des emplois très bien rémunérés pour se consacrer à l’écriture et à diverses activités en ligne (notamment un podcast et un blogue trouvé à TheMinimalists.com) au sujet du mouvement minimaliste.
Le minimalisme est une conception selon laquelle le bonheur passe par une consommation de biens matériels limitée. Pas très loin de ce qu’on appelait autrefois la simplicité volontaire, le minimalisme se définit d’abord par la volonté de désencombrer son espace de vie. Il s’agit de se débarrasser du superflu pour ne faire entrer dans sa demeure que ce qui est utile ou encore ce qui ajoute une valeur véritable à sa vie. Alors que l’Américain moyen possède plus de 300 000 items dans sa maison, les minimalistes disposent du nécessaire. Ils ont souvent ce qu’on appelle une « garde-robe capsule » composée des vêtements essentiels aux coloris semblables afin de les agencer facilement. Leur cuisine ne déborde pas d’accessoires superflus. L’utilisation de l’espace est optimisée. Les objets qui garnissent leur milieu de vie sont soigneusement choisis pour leur fonctionnalité ou parce qu’ils apportent de la joie. Les minimalistes n’hésitent pas non plus à se débarrasser de photos, de CD ou de DVD, après avoir digitalisé ceux auxquels ils tiennent véritablement. Ils prennent garde aussi à avoir une approche intentionnelle du temps investi sur le web et les réseaux sociaux, et n’hésitent pas à se débrancher s’ils constatent que cela n’apporte pas une plus-value à leur vie.

Les blogues et vidéos sur Youtube sont nombreux à expliquer comment désencombrer son espace de vie. Il existe même des défis comme le « challenge 333 » où, afin de s’habituer à un mode de vie simple, il s’agit de porter les mêmes 33 items (vêtements, souliers, bijoux) pendant 3 mois (voir BeMoreWithLess.com). Mais pourquoi être minimaliste? Les raisons justifiant le désencombrement sont diverses. D’abord, il y a l’idée selon laquelle en vivant dans un espace ordonné et simple, nous jouissons de plus d’espace mental. En outre, les minimalistes semblent s’accorder pour affirmer que ce qui importe ne réside pas dans la possession d’objets, mais plutôt dans les expériences significatives comme des voyages, des sorties culturelles ou des activités avec nos proches. Consommer des biens matériels excessivement pour combler un vide existentiel est vain. Ce qui compte, ce sont les relations humaines, les passions et un mode de vie assurant la santé du corps et de l’esprit. D’autres raisons d’adhérer au minimalisme sont aussi invoquées. Certains sont minimalistes pour assainir leurs finances et se débarrasser de leurs dettes (voir le blogue québécois VivreAvecMoins.com). D’autres ont pour objectif de réduire leur empreinte écologique (voir la chaîne Youbube de Levi Hildebrand).
Si le minimalisme se comprend d’abord et avant tout comme un mode de vie en porte-à-faux avec le consumérisme excessif des biens matériels, il peut aussi s’étendre aux relations humaines. Tout comme nous devrions consommer des biens qui sont nécessaires ou qui nous apportent de la joie, seules les relations humaines significatives et épanouissantes devraient être entretenues. Les relations néfastes ou ne concordant pas avec nos valeurs propres devraient être abandonnées pour privilégier celles qui sont choisies de façon plus intentionnelle.
Il est facile de faire des parallèles entre les minimalistes et la philosophie d’Épicure, qui a fait l’objet d’une chronique précédente. Par leur approche délibérée de la consommation, les minimalistes ont en effet la même volonté de vivre dans la simplicité que les épicuriens de l’Antiquité. En outre, l’amitié valorisée par Épicure rejoint bien des minimalistes, qui accordent une grande valeur aux relations avec leur cercle rapproché.
S’il y a une leçon que je tire du minimalisme, c’est que les biens matériels ne doivent pas être vus comme une fin en soi, mais comme un simple moyen pour subvenir à des besoins essentiels. Il en découle que bien souvent, les minimalistes n’hésitent pas à limiter leur temps de travail, surtout s’il est harassant, pour disposer de plus de loisir. Ce sont leurs besoins véritables qui dictent leur temps de travail et non l’inverse. Ils n’ont généralement pas de difficulté à vivre de peu, étant comblés plus facilement que s’ils avaient des besoins extravagants. Ils se prémunissent donc par le fait même des aléas de la malchance. En ce sens, on peut voir dans le minimalisme un exercice de la liberté.
Commentaires