La philosophie comme mode de vie selon Socrate
- catherineguindon
- 15 oct. 2024
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Les philosophes de l’Antiquité étaient généralement attachés à une conception de la philosophie comme art de vivre. Cela signifie que celle-ci n’était pas conçue uniquement comme un système d’idées théorique, mais elle était vue avant tout comme une invitation à adopter un mode de vie permettant d’accéder au bonheur et à la vie bonne.
Déjà, au 6e s. AEC, avec les balbutiements de la philosophie occidentale, en Grèce ancienne, les disciples du philosophe et mathématicien Pythagore vivaient en communauté, sous la direction spirituelle de leur maître, partageant un même mode de vie caractérisé notamment par le végétarisme, par des rituels religieux et des exercices physiques et de pensée. Mais c’est surtout Socrate, au 5e s. AEC, qui sera considéré comme le modèle à imiter par excellence.
D’abord, par ses propos, Socrate invitait ses interlocuteurs à s’améliorer eux-mêmes. Par exemple, dans l’Apologie de Socrate (29d-e) de Platon, Socrate reproche à ses concitoyens athéniens de trop se soucier de leur fortune, de leur réputation et de leurs honneurs, au détriment de la vertu. Un second exemple se trouve dans le Gorgias (492d-494c), du même auteur, alors que Socrate s’adresse à Calliclès pour l’inviter à la maitrise de ses désirs innombrables, puisque c’est ainsi qu’il pourra accéder à la tranquillité. Chez les personnes irréfléchies et insatiables, l’âme est comme un tonneau percé que l’on essaierait sans succès de combler d’eau. Seule la personne modérée et tempérante verra son âme satisfaite.
Mais ce n’est pas seulement dans son discours et ses idées que Socrate valorisait les biens de l’âme, mais aussi dans ses faits et gestes. C’est en vivant lui-même dans une grande simplicité – sans salaire, Socrate va nu pied dans les rues d’Athènes et porte le même manteau hiver comme été – qu’il préconisait la simplicité et le dépouillement. Dans le Phédon de Platon, son attitude impassible, alors qu’il se trouve dans sa cellule de prison, attendant la mort avec sérénité entouré de ses amis, est un autre exemple de l’incarnation de ses idées dans des actions. C’est dans cet émouvant dialogue platonicien que Socrate invite à pratiquer la philosophie, afin de ne pas se laisser effrayer par la mort comme les enfants le sont par des épouvantails (Phédon, 77d-e).
La mort de Socrate, par David (1787)
Socrate inspirera diverses écoles de philosophie après lui, que l’on pense au cynisme, à l’épicurisme ou encore au stoïcisme. C’est parce qu’elle a une fin pratique – essentiellement la vie bonne et heureuse – que les philosophes de ces écoles ont développé une pensée théorique.
La philosophie n’était donc pas, à cette époque, une discipline abstraite séparée de la vie de tous les jours comme elle le sera par la suite. On retrouvera tout de même chez certains philosophes modernes et contemporains, un retour au souci de soi et de la manière dont il faut vivre au quotidien pour accéder au bonheur. Nous en reparlerons dans d’autres articles à venir!
Note : Au sujet de la philosophie comme mode de vie, je conseille fortement la lecture de Pierre Hadot, La philosophie comme éducation des adultes, Paris, Vrin, 2019. Ce recueil de divers textes de cet historien de la philosophie ancienne m’a inspirée en partie le présent article.
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